Association pour le développement de l'enseignement bi-/plurilingue

1929-2019, 90 ans de littérature béninoise

Le Professeur Emérite Adrien Huannou marque l’évènement avec un ouvrage

 

L’Association des Professeurs de Français du Bénin (APFB) a été conviée, samedi 14 décembre 2019 à une manifestation littéraire, marquant les quatre-vingt-dix ans d’existence de la littérature béninoise. C’était à la salle Adrien Huannou de l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo, en présence d’un parterre d’invités riche d’étudiants en grande majorité, d’Enseignants, d’auteurs et de Monseigneur Aristide Gonzalo, Evêque de la ville Capitale, subsidiairement, Docteur ès Lettres Modernes.

Le Professeur Adrien Huannou, en effet, profitant de cette solennité, présentait au public un ouvrage anniversaire : Introduction à la littérature béninoise.

Nous vous proposons ici, la présentation de l’ouvrage, assurée par l’écrivain Daté Atavito Barnabé-Akayi.  

 

Adrien Huannou, Introduction à la littérature béninoise, Cotonou, CA, 2019, 151 p.

Cet ouvrage, architecturé en neuf chapitres (Existe-t-il une littérature béninoise ? Eléments d’une sociologie de la littérature béninoise ; le passé et le présent du Bénin tels que décrits par les écrivains de l’époque coloniale (de 1929 à 1960) ; les écrivains béninois témoins et juges de l’indépendance ; la « Révolution du 26 octobre 1972 » vue par les écrivains béninois ; Regards des écrivains de l’ère du « Renouveau démocratique » sur la société béninoise (et africaine) ; au-delà de la critique sociale ; la littérature de jeunesse ; au-delà du Bénin), coïncidant avec les quatre-vingt-dix ans de la littérature béninoise, se veut un hommage mérité pour fêter les 50 ans de carrière enseignante du Professeur Emérite Adrien Huannou.

Après la réaffirmation de son existence, il n’est plus besoin de ramener le débat autour des littératures nationales. Ainsi la littérature béninoise, pour paraphraser Olympe Bhêly-Quenum, est un acte de patriotisme et d’amour pour son pays. Et les écrivains béninois et leurs productions confirment cette théorie depuis la parution de L’esclave de Félix Couchoro en 1929.

De fait, les nombreuses recherches entreprises au Bénin ainsi qu’à l’extérieur prouvent la vitalité de cette littérature et la créativité de ses auteurs qui permettent de parvenir à une périodisation quaternaire :

  • Le temps colonial (1929-1960)
  • Le « temps des Soleils des indépendances » (1960-1972)
  • L’ère de la « Révolution du 26 octobre 1972 » (1972-1990)
  • L’ère du « Renouveau démocratique » (1990-)

Cela fait penser que l’histoire de la littérature béninoise est indissociable de celle de la nation béninoise et elle porte toutes les contradictions de cette société et de sa politique. Si Couchoro et Hazoumé célèbrent l’action civilisatrice de la colonisation, ce n’est pas le cas d’Olympe Bhêly Quénum qui la remet en cause. Alors que Jérôme Carlos, Alain de Port-Novex critiquent la Révolution et ses dérives après l’avoir saluée, il est des auteurs pour soutenir la dictature.

La littérature béninoise est d’autant plus prospère qu’elle englobe tous les genres. En poésie, on retiendra comme précurseur Paulin Joachim avec Un nègre raconte (1954), soit un quart de siècle après le roman. Les romanciers s’avèrent les plus nombreux avec leurs figures de proue : Félix Couchoro, Paul Hazoumé, Olympe Bhêly Quénum, Jean Pliya, Florent Couao-Zotti. En ce qui concerne le théâtre, Fernand Nouwligbèto, José Pliya… Mahougnon Kakpo, Daté Atavito Barnabé-Akayi s’illustrent en poésie. Dominique Titus, quant à lui, s’impose comme un auteur de récits policiers.

Une mention spéciale est accordée à la littérature de jeunesse représentée par les œuvres de Béatrice Lalinon Gbado, Adélaïde Fassinou, Hortense Mayaba... Mais les femmes ne se consacrent pas qu’à la littérature de jeunesse. Les écrivaines Sophie Adonon, Euphrasie Calmont, Christine Adjahi et Carmen Toudonou viennent enrichir le paysage des productions féminines. C’est dire à quel point la littérature béninoise est harmonieuse en moins d’un siècle de parcours.          

Il en est de même des thèmes abordés qui soulèvent tous la critique sociale et confirment l’esprit patriotique des écrivains béninois désireux de contribuer au développement de leur pays. Qu’il s’agisse de Zongo Giwa ou la forêt déviergée, de Les fantômes du Brésil ou Mogbé ou le cri de mauvais augure l’intérêt socio-politique pointe clairement. A côté, on peut lire une promotion des valeurs endogènes depuis Olympe Bhêly Quénum jusqu’à Daté Atavito Barnabé-Akayi.

En observant que la plupart de ces écrivains pratiquent plusieurs genres littéraires, on peut découvrir à la fin de l’ouvrage une bibliographie de quelques auteurs cités ( Sophie Adonon, Daté Atavito Barnabé-Akayi, Olympe Bhêly-Quenum, Euphrasie Calmont, Jérôme Carlos, William Comlan, Florent Couao-Zotti, Félix Couchoro, Habib Dakpogan, Moudjib Djinadou, Richard Dogbeh, Adélaïde Fassinou, Louis Mesmin Glele, Christine Gnimagnon Adjahi, Paul Hazoume, Paulin Joachim, Mahougnon Kakpo, Barnabé Laleye, Béatrice Lalinon Gbado, Fernand Nouwligbeto, Emile Ologoudou, Jean Pliya, José Pliya, Alain De Port-Novex, Maximilien Quenum, Hortense Mayaba, Dominique Titus, Carmen Toudonou, Gaston Zossou) dans l’ouvrage comme une invite à mieux les découvrir, à mieux les connaître pour notre propre plaisir mais surtout pour notre édification patriotique.

Adrien Huannou réalise pour la littérature béninoise un magnifique anniversaire en réussissant ce brillant épitomé, ce condensé d’histoire littéraire qui doit figurer dans la bibliothèque de toutes les institutions béninoises et servir de bréviaire à tous les amoureux de la littérature béninoises et à tous les patriotes où qu’il soit, car notre littérature nous définit et reste notre meilleur ambassadeur au rendez-vous de l’universel comme le réaffirme l’auteur de cet ouvrage : « Mon vœu le plus cher, en ce moment où je conclus ce texte, est que ce livre contribue à faire connaître cette littérature au Bénin et à renforcer le patriotisme et le nationalisme chez les Béninoises et Béninois. » (p.134)

Il faut saluer ici le génie du Professeur Emérite Adrien Huannou qui n’a eu de cesse de mettre en valeur notre littérature et rappeler comme ne le souligne pas l’ouvrage qu’il est l’auteur de la première thèse de doctorat dédiée à la littérature béninoise « Histoire de la littérature écrite de langue française dans l’ex-Dahomey (des origines à 1972) ».

Daté Atavito Barnabé-Akayi