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Bénin/ Rencontre littéraire : un membre fondateur de l’Association des Professeurs de Français du Bénin en vedette à l’Institut Français de Cotonou

APOLLINAIRE AGBAZAHOU OU L’ART DE TENIR EN HALEINE

 

Le samedi 25 juin 2022 à 16 heures, l’auditorium de l’Institut français de Cotonou (Bénin) a accueilli une foule impressionnante de personnalités, d’enseignants, d’étudiants, d’élèves et d’amants des belles lettres venue suivre l’inspecteur-écrivain Apollinaire Agbazahou, invité du programme mensuel « Conversation littéraire » de la médiathèque. Cette conversation, modérée par le bibliothécaire-écrivain Jérôme Tossavi, supervisée par Léon Djogbénou, représentant la directrice de l’Institut, Fabienne Bidou, est architecturée en deux parties relatives à la biobibliographie de l’hôte : un premier tableau de questions-réponses entre les deux écrivains et un second entre l’invité et le public.

Lors de la première séquence, les préoccupations se thématisent en quatre points : la politique, le féminisme, l’éducation et la littérature. Agbazahou, en développant les implicites de La bataille du trône et du Gong a bégayé, explique son étonnement devant le profil insatisfaisant des hommes politiques depuis les Indépendances (en général) et le Renouveau démocratique (en particulier). Il apporte, sans se déclarer féministe, son soutien à la femme et à ses diverses luttes, comme le remarquent les lecteurs des pièces précitées et des nouvelles de Kalétas, la mascarade. Il en profite pour rendre hommage aux mères qui jouissent rarement des fruits de leurs investissements : en évoquant sa mère Batchémé, un silence de plus d’une minute – brisé par d’inavouables sanglots –, a pu arracher au public un moment de recueillement, comme quand le nom de son ami défunt Barthélemy Abidjo a été signalé. La problématique d’éducation, sapée par les conflits de génération, est égrenée. A ce niveau, l’écrivain-inspecteur examine les difficultés actuelles des parents (face aux technologies : media traditionnels et réseaux sociaux) à éduquer les enfants et des instructions officielles à répondre convenablement aux besoins du système éducatif national. Quand il aborde la spécificité de son écriture, il rappelle la genèse de son art dramatique : il est venu à la littérature par exigence professionnelle : à Savalou (Centre du Bénin), à l’époque, parler français en plein cours était un exploit, la langue locale (le mahi) régnait jusque dans les plats d’igname pilée ; contrairement à l’usage du signal en vogue, il dut emprunter le théâtre (écrit en français par ses propres soins) pour inciter les apprenants à la dramaturgie, à la scénographie puis au reste des apprenants à la catharsis, à l’imitation, au reflexe de Pavlov puis à la distanciation…

« J’ai eu Monsieur Apollinaire AGBAZAHOU comme Professeur de Français en Classe de Première au Collège de Savalou. Et il fut pour moi tout autant un Professeur qu’un Ami. Il compte, du reste, parmi ceux qui m’ont enseigné et que je ne saurais jamais oublier […] Je lui dois beaucoup, pour tous ses conseils, sa bienveillance, son amitié à mon égard ; et j’ai trouvé l’occasion trop belle, pour ne pas en profiter et lui dire publiquement ce que je ne lui avais jamais dit : MERCI PROFESSEUR ! », témoigne le journaliste béninois résident en Espagne, Teiga Boni Marcus. Ces propos, tenus loin de Cotonou et rapportés ce samedi-là, sont quotidiennement relayés par d’anciens élèves tels le journaliste culturel et ex-comédien de la troupe scolaire de l’inspecteur, Happy Goudou ou par le Docteur Alexis Séguédémé, présents dans la salle archicomble. 

La deuxième partie de cette conversation est plus marquée par des témoignages laudatifs de l’auditoire à l’endroit de l’inspecteur-écrivain que par l’expression de « curiosités esthétiques » pour paraphraser Charles Baudelaire qu’Agbazahou a cité pour ouvrir et clôturer cette rencontre. Le professeur Bienvenu Akoha (dont personne ne se doutait de la présence) prend la parole pour confirmer les propos de l’invité, à savoir son enthousiasme et celui du Professeur Bienvenu Koudjo à la première du Gong a bégayé au Festival de Danxomé en 2003 et remercie toute la chaîne de professionnels avertis ayant concouru à la mise au programme de ce théâtre socioconstructiviste. Si le président honoraire de l’Association des Professeurs de Français du Bénin, Marius Dakpogan s’est plus intéressé au cas politique irrésolu de Aïkpé, la secrétaire générale honoraire de l’APFB, Irma Etchissè, a manifesté toute sa satisfaction et renouvelé le brûlant désir de suivre la prochaine programmation qui devra porter sur son premier roman Mémoire des injures, lequel roman est initialement programmé, avant d’être reporté sine die. 

Ce rendez-vous littéraire a donné la preuve que la littérature intéresse toujours et garde encore ses vertus fédératrices pour nourrir des débats d’idées vu l’éclectisme du public, sa satisfaction et son désir de renouveler ce rendez-vous. Il faut faire observer que le succès de cette rencontre tient en majeure partie non seulement à la mobilisation des divers membres de l’APFB (anciens comme nouveaux : Aballot, Kpossilandé, Mévo, Boco, Catraye, Fandé ; Théophile Ahomian, actuel président départemental/Zou, Rodrigue Ahissou, trésorier départemental/Littoral et Anicet Mégnigbéto, actuel SG du bureau national, représentant le Président Roger Koudoadinou…) mais aussi et surtout à la plume et à la personnalité solaire d’Apollinaire Agbazahou qui ne laisse personne indifférent : écrivain engagé, enseignant et fonctionnaire dévoué, consultant en Education/Culture, homme sensible aux questions juvéniles et attaché à sa famille.

 

Daté Atavito Barnabé-Akayi,

Grand Prix « Tour d’Afrique en 24 fiches », OIF/FIPF, 2017 ;

 Ambassadeur FIPF pour la paix, 2018.