Association pour le développement de l'enseignement bi-/plurilingue

Congrès d'Heredia : entretien avec Gabriela Nunez

Gabriela Nunez, présidente de l'ACOPROF, a accepté de répondre à quelques questions sur l'organisation du congrès et la place du français au Costa Rica.

Gabriela Nunez a un parcours riche et varié dans le domaine de l’enseignement du français au Costa Rica.

Enseignante, institutrice, formatrice de formateurs, directrice de l’école de littérature, conseillère pédagogique auprès du ministère de l’éducation (enseignement précoce), Gabriela a occupé plusieurs postes et milité pour la langue française depuis le début de sa carrière.

Elle est aujourd’hui présidente de l’ACOPROF (Association costaricienne des professeurs de français), association dans laquelle elle a occupé différents rôles depuis les années 80.

C’est d’ailleurs l’ACOPROF qui est chargé de la réalisation des XVIème SEDIFRALE, du 4 au 7 février 2014 à Heredia au Costa Rica sur le thème : « Le français naturellement »

Pendant le  congrès, Gabriela Nunez a accepté de répondre à nos questions.

 1) Pourquoi avoir choisi comme thème de ces XVIème SEDIFRALE : « Le français naturellement » ?

Quand le Costa Rica a été choisi comme siège du congrès SEDIFRALE 2014, on nous a demandé un logo et un slogan qui représenteraient l’esprit du congrès. Alors, après réflexions et concertations, c’est mon collègue Roger Retana qui a proposé le quetzal qui est un oiseau représentatif pas seulement du Costa Rica mais de toute la région centroaméricaine. Ce logo est plein de couleurs pour montrer la variété et les nuances de notre biodiversité. 

Parmi les slogans, c’est « le français naturellement » qui nous a paru le plus représentatif car nous voulions montrer au monde comment est le Costa Rica. Sa nature, ses verts paysages, ses efforts pour la protection de l’environnement. 

 2) Lors de la cérémonie d’ouverture, le maire d’Heredia a souligné la beauté de la ville. Au-delà de ce critère, pourquoi ce choix ?

C’est, en effet,  non seulement, une belle ville mais aussi un pôle universitaire. L’université nationale offre un accueil sérieux et réunit toutes les conditions pour travailler. Elle prpose un cadre agréable et idéal pour ces rencontres académiques.

3) Quelle est, aujourd’hui, la place de la francophonie au Costa Rica ?

Ce n’est pas parce que c’est mon pays que je dis cela, mais le Costa Rica est un endroit spécial en ce qui concerne son rapport à la langue française. Depuis 1824, l’enseignement de deux langues étrangères à l’école (l’anglais et le français) existe. C’est grâce au commerce du café et aux échanges entre les Costariciens et les Européens que le français a réussi à s’imposer à l’époque. L’anglais et le français occupaient la même place et étaient enseignés dans les mêmes conditions.

Aujourd’hui, avec la mondialisation, le français recule et s’impose plutôt l’anglais comme langue véhiculaire. Malgré cela, le français reste obligatoire dans le secondaire, dans l’enseignement public. Le Costa Rica est le seul pays d’Amérique Latine où le français est dans cette situation. Il y a également une trentaine d’écoles publiques - nées en 1994 - qui conservent l’enseignement précoce du français.

4) Quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Protéger l’enseignement du français au Costa Rica est notre objectif majeur. C’est l’un des buts de l’ACOPROF. La qualité de l’enseignement est également primordiale et la coopération avec la France est en ce sens importante d’un point de vue pédagogique. Le Québec nous a aussi aidés pour un projet pilote pour l’enseignement précoce dans les années 80.

Nous sommes environ 1000 professeurs de français au Costa Rica, il y a également 62 professeurs de primaire. Un projet "Bilangue" existe aussi au primaire en français, comme c’était déjà le cas en anglais.

Tout au long de ces années, nous avons systématiquement proposé quelque chose pour l’enseignement du français chaque fois qu’un projet était lancé pour l’anglais. Cela nous a permis de maintenir un équilibre.

Ces SEDIFRALE sont très importantes pour nous. L’année dernière nous avons eu l’occasion de présenter ce projet devant l’OIF. Mme la Présidente de la République costaricienne s’est déplacée en Europe pour présenter le dossier. C’est le résultat du travail d’une équipe francophone et costaricienne, mais aussi du fruit d'une coopération entre les autorités françaises et costariciennes. Cette relation d'amitié avec la Francophonie est la seule manière de survivre et d'aller encore plus loin.

5) Qu'attendez-vous de ce congrès ? 

Ce congrès est très important pour les Costariciens. Il permet de montrer au monde ce que nous sommes, pas seulement notre pays, mais surtout notre enseignement du français. D'autre part, il permet de renforcer les liens d'amitié avec tous les pays de l'Amérique, de nous connaître, de nous réinventer, de partager....

Face à la mondialisation, ce rassemblement renforce l'idée d'un combat commun contre les menaces qui peuvent peser sur l'enseignement du français en Amérique. Nous aimons la langue française, le Costa Rica aime la langue française et si nous entrons à l'OIF, en tant qu'état observateur, je suis sûre que nous pourrons atteindre les grands objectifs que nous nous sommes fixés en matière de formation continue des enseignants, d'apprentissage effectif de la langue française comme langue vivante et outil de communication, d'amélioreration des compétences de nos élèves et d'optimisation de leurs capacités face au monde du travail.

 

Merci, Gabriela, d'avoir répondu à nos questions.