Association pour le développement de l'enseignement bi-/plurilingue

Le billet de la vice-présidente

Les enseignants de DNL en français à la loupe de la FIPF, une action de rapprochement légitime

Chères Présidentes et chers Présidents,

Chères et chers Collègues,

Lorsqu’on parle de la mission de la FIPF, on ne manque jamais de préciser, avec une  fierté parfaitement justifiée, que son coeur de métier est de soutenir les associations de professeurs de et en français à travers le monde. En même temps, dès qu’on se lance à une analyse plus approfondie de nos plans d’action et de leurs publics cibles, on est vite en situation de constater que, en dépit de l’importance qu’on leur reconnait, aucun de nos projets phares n’est destiné de manière spécifique à nos collègues enseignants de DNL (disciplines non linguistiques) en français.

Une DNL en français reprend le programme officiel de la matière concernée, mais son enseignement se fait en français. Aussi appelé EMILE (enseignement d’une matière intégré à une langue étrangère), chez les Français, ou CLIL (content and language integrated learning), par les Britanniques, ou encore CLiLiG (Bilingualer Sach-/Fachunterricht), dans l’usage allemand, ou bien AICLE (Aprendizaje Integrado de Contenidos y Lenguas Extranjeras), en Espagne, etc., l’enseignement d’une discipline en langue étrangère peut être dispensé selon des modalités variées en collège ou au lycée ou encore au niveau universitaire.  A titre général, alors que les professeurs de L2 bénéficient de toute l’attention de la part des associations, de nombreux programmes de formation continue, d’aides didactiques et d’un large éventail d’actions de soutien, les professeurs de DNL qui enseignent, totalement ou partiellement, leurs disciplines en L2, en l’occurrence le français, en sont plutôt privés. Et cela en dépit du fait que, vous serez d’accord avec moi, sans professeur de DNL, on n’aura pas d’enseignement bilingue.

Nous appelons enseignement bilingue un enseignement où les deux langues de travail pour les élèves sont d'une part la L1, qui est langue officielle/dominante de scolarisation du pays, et d'autre part une L2, étrangère ou régionale, ces deux langues étant utilisées de manière équilibrée, selon des modalités au demeurant variables, pour enseigner une autre discipline, dite non linguistique. Quels sont les défis d’un tel dispositif ?

L’enseignement bilingue a été pensé, rappelons-le, comme une manière d’optimiser la maitrise de la L2 grâce à l’emploi de cette L2 pour apprendre des connaissances disciplinaires. C’est lorsqu’il y a un certain équilibre dans l’emploi de L1 et L2 qu’il y a véritablement enseignement bilingue. Autrement dit, l’enseignement bilingue doit profiter aux deux langues concernées. Mais ce n’est pas tout. Alors que l’on a souvent tendance à se placer du côté « langue », et considérer les disciplines dites « non linguistiques » comme un terrain de jeu pour la langue étrangère, l’idée d’intégration est centrale, tel que les auteurs de la brochure publiée, en 2011, par l’Association pour le Développement de l’Enseignement Bi/plurilingue le soulignaient : « si dans les dispositifs bilingues le gain linguistique semble avéré, (…) ces dispositifs doivent aussi apporter des améliorations aux enseignements/apprentissages des disciplines » (p.16). On peut aller encore plus loin, puisque la pertinence linguistique des savoirs scientifiques apparait encore davantage lorsqu’on y intègre la dimension plurilingue ou des visées à plus long terme, tels l’employabilité ou l’entrepreneuriat. Le professeur de DNL en français est au centre du dispositif.

Dans ce contexte et au nom du Bureau Exécutif de la FIPF, je me permets de lancer un appel à participation : toutes et tous les collègues enseignant des DNL en français ou simplement intéressé.e.s par cette problématique sont convié.e.s à nous le signaler. L’idée d’intégration, évoquée ci-dessus, me semble d’une importance cruciale, aussi bien au regard de la complexité du dispositif même de l’enseignement, dans les filières bilingues, des DNL en français, qu’en tant que modèle général de fonctionnement des groupes, propice aux transversalités, tout en préservant les facteurs de diversification. Veuillez vous joindre à notre GT en nous écrivant aux adresses secretariat@fipf.org  et doinaspita@gmail.com !

Doina Spiță

Vice-présidente de la FIPF