Communiqué de presse
États d’urgence : c’est urgent et c’est à lire…
Nous voilà prévenus ! Et pas par n’importe qui, par Bernard Pivot : « Un devoir criblé de fautes d’orthographe ou de syntaxe, c’est comme un visage abîmé par des verrues. » C’est à ce visage abîmé par l’orthographe que Le français dans le monde consacre le dossier de ce numéro 441.
Force en effet est de constater que l’urgence est partout.
Politique, avec une énième tentative de réforme, paradoxe français s’il en est, que tout le monde réclame mais dont personne ou presque ne veut : Christophe Benzitoun, auteur de Qui veut la peau du français ? , retrace ici ce parcours d’obstacles toujours recommencé.
Académique, avec le constat fait par les universités des déficiences à l’écrit des étudiants et qui vaut à la dictée une nouvelle jeunesse dont Bruno Dewaele, ancien champion du monde d’orthographe et membre du comité scientifique du Projet Voltaire, fait l’éloge et pour laquelle Jean-Michel Robert et Isabelle Chollet, didacticiens et auteurs de manuels, ont conçu une démarche progressive d’apprentissage.
Économique et sociale, avec la prise de conscience par les entreprises de l’état catastrophique de l’orthographe des cadres, techniciens, personnels en lien avec le public et des conséquences sur leur image.
Et cette urgence est bien sûr pédagogique, que cela touche la formation ou l’apprentissage. En faisant une large part à ces différents aspects, ce numéro s’attache à parcourir les réponses du moment : des astuces nées de la débrouille des enseignantsqu’ils soient d’Espagne, du Mexique, de Cuba, de France ou des États-Unis aux propositions ludiques et compétitives foisonnant sur les réseaux sociaux sur lesquelles a enquêté Sarah Nuyten, en passant par les créations poétiques de la mnémographie telle qu’elles sont mises en œuvre par la plume ludique et pédagogique de Sandrine Campese, autricede nombreux ouvrages à succès sur le sujet. Sans oublier,comme le suggère l’universitaire David Lavannant, la place à accorder dans les cursus à une approche moderne du système graphique susceptible de venir en aide à des enseignants désorientés sur le sujet.
Urgence encore, si l’on en croit le rapport 2022 de La langue française dans le monde : Alexandre Wolff, responsable de l’Observatoire de la langue française à l’Organisation internationale de la Francophonie, le dit et l’analyse dans un entretien : « Nous sommes à la croisée des chemins. »
Urgence toujours, professionnelle, qui voit les enseignants de FLE se regrouper en collectifs pour défendre leurs conditions de travail et mieux faire connaître leur métier et sur lesquels de Marseille à Paris, Sophie Patois a enquêté.
Si l’urgence est partout, les réponses à cette urgence le sont également : là les modalités sont multiples et surtout elles nous viennent du monde entier :
- Du bayou louisianais et du grand Nord alaskien où des communautés militent pour maintenir des écoles d’immersion en français ; de La Fayette, où Ryan Langley s’est donné pour mission francophone de faire vivre le français cadien.
- Du Cambodge où Kéyra Chaun Sun, conseillère pour la protection d’Angkor, témoigne de la place qu’occupe le français dans sa vie professionnelle et privée.
- De Chine où l’on sensibilise les étudiants au discours et au style en français.
- Du Québec où l’on cherche d’autres moyens de motiver les étudiants, à travers des jeux vidéo comme Exploratio, jeu multijoueur sur la langue française.
- D’Amsterdam où le Musée Van Gogh met à disposition une plateforme de ressources en français que plus de 1600 classes ont déjà parcouru.
- Enfin, de la Fédération internationale des professeurs de français qui milite pour une didactique écologiquede l’enseignement du français, un projet que promeut Cynthia Eid, présidente de la FIPF.