Les entretiens de la paillotte à l’IFB de Cotonou

Daté Atavito Barnabé-Akayi présente le Prix du Président de la République au public scolaire

Comprendre les mobiles de la création et l’univers foisonnant de l’écrivain poète dramaturge Daté Atavito Barnabé-Akayi consacré Prix du Président de la République 2017 à travers sa pièce Le chroniqueur du PR.,  tel était l’objectif principal de la rencontre littéraire qui recevait sous la paillote de l’Institut Français de Cotonou ce samedi 17 février 2018, le poète Daté. C’était, lors de ces entretiens mensuels que l’Association Ayé Culture de Robert Asdé organise en collaboration avec l’APFB. De toute évidence, l’homme a affirmé sa satisfaction pour le sacre et ne perd pas de vue le fait qu’il n’écrit pas pour les trophées mais pour la passion de l’âme. Toute chose qui concourt au rayonnement de son art que le public présent à cette séance qualifie d’exceptionnel.

Abordant tous les genres littéraires, semble-t-il, avec aisance, Daté avoue, cependant, sa préférence pour le genre poétique qui « élève les âmes et sonde les cœurs ». Sur le contenu polémique du Chroniqueur du PR, il salue l’impartialité du jury qui a siégé et définit le rôle primordial de l’écrivain qui n’est pas un donneur de leçons mais un éveilleur de conscience sensible aux plaies de sa société. Et cet engagement, d’après l’invité, fut amorcé depuis la création de sa pièce Les confessions du PR (2010) pour aboutir bientôt à L’avocat du PR (à paraître) en passant par Le chroniqueur du PR ; une trilogie visant à changer les choses en transformant l’animal politique. Ces trois pièces taillées dans la vague des régimes politiques qui se succèdent à la tête de notre pays constituent à l’entendement de son lectorat une trilogie qui scanne les succès et les échecs des politiques qui passent et qui se ressemblent.

Un enseignant poète

Le poète insiste sur son statut d’enseignant que rien au monde ne peut lui arracher. C’était pour lui la tribune de confesser son amour pour ce métier qu’il exerce que ces personnages incarnent souvent. S’il assimile les enseignants au Christ qui fut le premier instituteur au monde dans Le chroniqueur du PR, il tramera par le truchement de l’héroïne Sanitah dans Errance Chenille de mon cœur (Roman, 2014) l’opprobre mais en même temps la grandeur qui entourent les enseignants. Ses élèves, en grand nombre présents à cette causerie,  ont profité de cette intervention pour mieux comprendre les mécanismes de la vie sexuelle en milieu scolaire qui fait souvent l’objet des trames narratives du dramaturge notamment dans Quand Dieu a faim (théâtre, 2010), Amour en infraction (théâtre, 2010) et Errance chenille de mon cœur (roman, 2014). Dans un registre ludique, il fustige l’hypocrisie de certains enseignants à limiter le débat sexuel, placé au rang des tabous. Il invite les jeunes à mener une vie sexuelle saine en privilégiant les études.

Daté rebute l’étiquette d’écrivain homosexuel qu’on lui colle souvent. La création n’ayant pas de frontière, elle  ne devrait pas se mouler dans des clichés réducteurs. Le public composé d’enseignants, de parents et amis, des amoureux du livre et de la lecture a affirmé toute sa fierté de Daté Atavito Barnabé-Akayi qui œuvre depuis une décennie pour l’éclosion de la littérature béninoise.

Pour l’aîné Florent Couao-Zotti, prosateur au même rythme que l’invité, Daté est un ami dont la vision pour la littérature n’a pas de limite.

Les témoignages de grande qualité ont permis au public venu nombreux ce samedi après-midi de pénétrer ne serait-ce que dans l’espace de deux heures, l’univers de Daté Barnabé-Akayi.

Jérôme Tossavi

(Bibliothécaire chargé de l’animation littéraire à l’IFB)

Membre de l’APFB