Texte : Aux brebis tondues…
Elle venait de relire pour la troisième fois le texte de Florent Couao-Zotti, cet écrivain béninois polyvalent qui, entre deux publications, se donne du plaisir sur sa page facebook, à égayer les cœurs par des réflexions sociétales, des inspirations nourries auprès des muses les plus prolifiques et pourvoyeuses du panthéon vodoun. Elle était dépitée par la fainéantise et la roublardise de ces jeunes gens qui, en véritables nomades singeant les affairés, paradent à longueur de journée en télésnobant dans la rue.
Leur style vestimentaire les rend facilement reconnaissables dans leur univers de filous où, en fureteurs exaltés, ils s’installent sur la toile comme des arachnides piégeant les mouches les plus grosses. Cette arachnéenne posture est ostentatoirement assumée avec une tête rasée, tee-shirt body moulant dessinant la forme massive du tronc. Le visage sempiternellement dissimulé derrière de grosses lunettes noires –même de nuit– et royalement assis au volant de voitures qui s’enflent plus que ne sont larges nos rues.
Ils se font héberger par des sites internet qu’ils quittent après coup, pour ne pas attirer l’attention. Par leur génie diabolique, des canulars autant éminemment sibyllins que fugaces et hallucinogènes sont envoyés par mail, par sms, par les réseaux sociaux. En conséquence, des informations judicieuses, maintenant à découvert les victimes, sont gardées sur les favoris. L’esprit patibulaire aidant, ils peaufinent leur stratégie en plaquant avec moult précautions, lesdites informations sur d’infâmes nuages.
Experts dans l’usage des émoticônes, ils sont difficilement détectables, puisque leur avatar est toujours tronqué. Et quand elle apprend que les jeunes filles n’ont d’yeux que pour cette race de jeunes, préférant l’accès au gain facile à leurs chères études, elle en a l’âme encore plus déchirée : celles qui se retrouvent sacrifiées à des fétiches Kinninsih par ces pirates, pense-t-elle, devraient servir d’exemple aux autres.
E.P. Hélios.